Histoire(s) de foot : Le bras cassé qui a dominé le football mondial
Les chaussures Adidas portées par Franz Beckenbauer à la coupe du monde 1970 – Getty Images.
Nous sommes encore nombreux à porter des Kaiser 5 à l’entraînement ou en match. Mais connaissez vous l’histoire du joueur ayant inspiré Adidas pour ces chaussures ?
Franz Beckenbauer naît dans les ruines de Munich en 1945 à la sortie de la Seconde guerre mondiale. En 1954, à la surprise générale, l’Allemagne de l’ouest (l’Allemagne était alors coupée en deux suite à la guerre, Berlin étant même séparée par un mur) est championne du monde. Le jeune Franz va à l’aéroport accueillir les héros. C’est décidé, il sera footballeur.
Malgré les pressions de son père qui déteste le football, Franz signe sa première licence à 9 ans. Il ne rêve que d’un club : le grand Munich 1860 et joue pour le SC Munich 06. À ses 14 ans, le club va mal et Franz compte rejoindre Munich 1860 après le tournoi de son club.
Sauf qu’en finale, l’affrontement entre le SC Munich de Franz et Munich 1860 est houleux. Au point que le défenseur du 1860 gifle Franz. Dégouté, ce dernier décide finalement de rejoindre le petit club de Munich (à l’époque) : le Bayern de Munich, alors en deuxième division.
En 1964 – Getty Images.
Les années Bayern
A 17 ans, il joue déjà en senior, en évoluant milieu de terrain en 1963. Son talent est tel qu’il apparait en équipe d’Allemagne dès la fin de sa première saison en première division, en 1964. À la Coupe du monde 1966, il brille en inscrivant 4 buts, dont un magnifique à la légende Yachine en demi-finale. L’Allemagne perdra la finale sur le célèbre “but fantôme“.
Beau joueur, Franz préfère retenir que l’Angleterre a gagné car “Bobby Charlton était un tout petit peu meilleur que moi”. Il se concentre donc sur la Coupe du monde 1970, où il aura 24 ans, et remporte entre temps son premier titre de champion d’Allemagne en 1969 et la Coupe des coupes en 1967 avec le Bayern.
Arrive la demi-finale de ce mondial 1970 face à l’Italie, qui sera qualifiée de “match du siècle”. L’Italie mène 1-0 tout le match, mais l’Allemagne égalise à la dernière minute. Malheureusement, suite à un tacle rugueux, Beckenbauer se démet l’épaule. Impossible de jouer dans ces conditions.
Pourtant Franz demande à ce qu’on lui replace l’épaule, lui mette une écharpe et retourne sur le terrain, son coach ayant déjà épuisé les remplacements possibles. Franz joue l’ensemble de la prolongation avec son écharpe. La prolongation est complétement folle.
A la 94e minute : 2-1 pour l’ Allemagne. Mais l’Italie égalise immédiatement et prend même l’avantage à la 104e. Sauf que Muller égalise encore à la 110e. La télévision passe le ralenti pendant que l’Italie reprend l’avantage ! Beckenbauer peut égaliser à la dernière minute mais rate le cadre. L’Allemagne et son Kaiser sont battus.
Franz Beckenbauer décide alors de reculer sur le terrain et de révolutionner le poste de libéro. Libre, il stoppe les attaques adverses et organise le jeu depuis l’arrière. Cette révolution va le mettre sur le toit du football. Plus rien ne l’arrête :
- 1972 : champion d’Allemagne, champion d’Europe avec la Mannschafft et Ballon d’or.
- 1973 et 1974 : champion d’Allemagne, et même vainqueur de la Coupe des champions en 1974, il arrive en pleine gloire à la Coupe du monde. En finale, il décide de s’occuper lui et lui seul du grand Johan Cruyff et l’Allemagne terrasse le football total. Le Kaiser est au sommet, et on le surnomme même le “Pelé blanc”.
- 1975 et 1976 : il remporte deux nouvelles Coupes des champions et un nouveau Ballon d’or en 1976 (c’est le seul défenseur de l’histoire à en avoir gagné deux).
Le 7 juillet 1974, en finale de la Coupe du monde – Getty Images.
Toujours champion
Après la défaite en finale de l’Euro 1976, il arrête sa carrière internationale et part rejoindre Pelé au New-York Cosmos. Il sera trois fois Champion des USA avant de revenir en Allemagne finir sa carrière à Hambourg. Il remportera une dernière fois la Bundesliga avant d’arrêter sa carrière.
Il sera ensuite un grand entraîneur et mènera l’Allemagne au titre de championne du monde en 1990 avec son successeur Lottar Matthaus, devenant une des trois seules personnes à avoir gagné la Coupe du monde en tant que joueur et entraîneur (avec Zagallo et… Didier Deschamps).
En 1990 pour la Coupe du monde – Getty Images.
Mais alors pourquoi le surnomme-t-on le Kaiser ?
Cela remonterait à juin 1969. Le Bayern rencontre Schalke 04 en finale de coupe, quand Franz fait faute sur le “roi de Westphalie” Libuda. Le public le hue, mais il prend le ballon, l’emmène dans le coin de corner, et se met à jongler pendant 40 secondes avant que l’on déclare “un empereur reste supérieur à un roi”. Le Kaiser (empereur, en allemand) est donc né. Une photo en 1971 à coté du buste de l’empereur Franz Joseph d’Autriche entérinera ce surnom.
Une morale à toute cette histoire : une simple gifle dans un tournoi U13 a donc complétement changé la face du football munichois, puisque aujourd’hui tout le monde connaît le Bayern Munich, mais beaucoup moins Munich 1860 (aujourd’hui en 3e division allemande), grâce au 3e meilleur joueur de tout les temps.
Souvenez-vous donc que tous vos actes sur un terrain représentent votre club et ses valeurs.