Histoire(s) de foot : le dieu du Brésil à la jambe trop courte
Tout le monde connait le “roi” Pelé, mais connaissez vous Garrincha? Pourtant, au Brésil, vous entendrez souvent que si Pelé est le roi, alors Garrincha est un Dieu. Petit retour sur celui que l’on considère comme l’un des plus grand dribbleur de tous les temps.
Né en 1933 d’un père alcoolique, le jeune Manoel Fransisco Do Santos souffre d’une maladie congénitale. Il a la colonne déformé et les jambes arqués. À l’âge adulte, sa jambe droite est plus longue que sa jambe gauche de six centimètres ! Il acquiert son surnom de Garrincha de sa sœur, en comparaison avec un petit oiseau local qui préfère mourir que de vivre en cage.
Pelé (à gauche) et Garrincha (à droite), en 1968 – Getty Images.
Garrincha signe à 20 ans son premier contrat pour le Botafogo (club de Rio) après avoir ridiculisé l’arrière gauche du Brésil lors de son essai (“Il m’a fait danser. J’ai imposé qu’on le recrute, car je ne voulais plus jamais jouer contre lui”, dira Nilton Santos). Il passera la majeure partie de sa carrière dans ce club, y remportera 3 championnats (1957, 1961 et 1962) et son surnom de “joie du peuple”.
Garrincha, en avril 1957 – Getty Images.
En effet, Garrincha, d’origine modeste, n’aimait rien tant que le jeu et que ravir le public de ses dribbles. Il est convoqué pour la Coupe du monde 1958, mais fait rapidement preuve de son caractère facétieux. En effet, en match de préparation contre la Fiorentina, il dribble quatre défenseurs puis le gardien, mais ne marque pas immédiatement. Il attend que le gardien revienne, le dribble à nouveau puis marque.
Mondial 1958 – Getty Images.
Suite à cela, l’entraîneur le place sur le banc pour le début du Mondial, après avoir fait renvoyer tout le personnel féminin de l’hôtel du Brésil en Suède afin que Garrincha puisse se concentrer sur le football. Après deux premiers matchs moyens de l’équipe, les joueurs et le public arrivent à imposer au coach la présence de Garrincha et du jeune Pelé dans l’équipe. Le Brésil va alors enchanter le monde (sauf la France balayée 5-2 en demi-finale) grâce à ces deux joueurs, et remporter le trophée.
Quatre ans plus tard le Brésil semble invincible, mais Pelé se blesse dès le premier match. Garrincha portera l’équipe vers un nouveau titre grâce à son dribble spécial (feinte de rentrer vers l’intérieur puis course vers l’extérieur).
Finale du Mondial 1962 – Getty Images.
La fin de sa vie sera plus compliquée à cause de ses douleurs, de son alcoolisme et de son sens de la fête. Garrincha meurt en 1983 d’une cirrhose. Il reste une légende pour les Brésiliens car il n’a jamais renié ses origines modestes et le football “à la brésilienne”. A sa mort, son corps sera exposé au Maracana et des dizaines de milliers de personnes suivront le cortège à travers Rio pour célébrer “la joie du peuple”.
Au Maracana, en 1967 – Getty Images.
Pour aller plus loin…
- un article de SoFoot sur la mort de Garrincha
- un film sur Garrincha et le football dans les quartiers pauvres du Brésil : Garrincha, alegria do povo